Faut pas pousser ! Suite...

Publié le : 12/03/2021 10:10:13
Catégories : Tutoriels

Faut pas pousser ! Suite...

Dans les formations que nous donnons, nous utilisons fréquemment la métaphore de l'entonnoir pour décrire la chaîne d'acquisition, de traitement et d'impression d'images. Malheureusement pour nous photographes, cet entonnoir est orienté dans le mauvais sens. Autant l'extrémité correspondant à la capture d'image est large, autant celle correspondant à l'impression est réduite !

S'agissant du contraste, les choses se présentent comme ceci :

  • Rapport de contraste d’un paysage avec soleil et ombre : 20 000/1 voire plus
  • Dynamique d’un bon capteur d’appareil : 10 000/1
  • Contraste maximum d’un écran pour la retouche d’image : 1300/1
  • Contraste d’un tirage papier : dans les 250/1, 300/1 au mieux.

C'est donc un rapport de près de 100 qui peut exister entre le contraste d'une scène et la dynamique inscriptible sur un tirage papier. Cela étant, du point de vue quantitatif, la vision humaine répond d'une manière logarithmique et non linéaire. Il faut donc plutôt considérer l'écart en valeurs de diaphragme : 14 ou plus pour une scène très contrastée, 10 pour un très bon écran, entre 7 et 8 pour le papier, ce qui reste sans appel !

Conclusion : en ce début de 3e millénaire encore, la meilleure technique qui soit ne permet malheureusement ni de visualiser ni de reproduire sur le papier la dynamique des scènes les plus contrastées. Inutile donc - sauf recherche esthétique assumée - de forcer le contraste des fichiers au développement dans l’espoir que cela ressorte à l’impression. En l’occurrence, c’est plus le souvent le contraire que l’on fait : on remonte les tons sombres et on atténue les tons clairs… ce qui revient bien à diminuer le contraste, pour une meilleure lisibilité globale de l’image, avec du détail dans les parties claires et dans les ombres.

Évidemment, les styles clair-obscur et high-key échappent à cette règle, mais ce sont des cas particuliers. Dans ces disciplines, on cherche dès la prise de vue à maximiser le contraste et on poursuit le développement en ce sens. Mais sur un sujet plus traditionnel, si vous poussez le contraste au delà de la dynamique naturelle du tirage papier, vous ne ferez que brûler les hautes lumières et enterrer les ombres. En revanche, si vos sujets sont naturellement peu contrastés, leur visualisation sur écran et leur impression ne posera pas ou peu de problème.

Simulation de la représentation du contraste. De gauche à droite : scène originale (détail dans toutes les zones), visualisation sur écran, tirage papier. Attention aux effets visuels paradoxaux : dans une telle juxtaposition, l'image de droite pourrait sembler avoir une plus grande dynamique que les deux autres. Il n'en est rien. C'est juste que les ombres et les hautes lumières sont de moins en moins détaillées. Les zones brûlées et les zones enterrées prennent donc de plus en plus d'importance.

Pour obtenir un tirage correct, il est bien préférable de remonter les ombres et de baisser les hautes lumières. A gauche : tirage papier sans correction du contraste. A droite : tirage papier avec correction du contraste. L'écart entre les tons les plus sombres et les tons les plus clairs reste le même, mais la répartition des tons entre ces deux extrêmes produit un résultat plus agréable car plus nuancé, bien qu'il puisse paraître moins "contrasté".

Voici une des raisons pour lesquelles il est souvent décevant de comparer directement une image affichée sur écran et un tirage papier. S’il s’agit d’un sujet très contrasté, le tirage paraîtra toujours mou, moins défini dans les ombres et/ou dans les hautes lumières… même s’il est bien éclairé !

Suivez régulièrement ce fil pour d’autres conseils sur la prise de vue, le traitement et l’impression de vos images…

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